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MTP MUSIC UNDERGROUND

LUKE, PORNOGRAPHIE ASSASSINE

Thomas Boulard, chanteur aux textes subversifs, est actuellement en tournée pour promouvoir avec son groupe la sortie de son dernier opus - PORNOGRAPHIE- 11 titres à la déflagration percutante et insolente. Rencontre avec cet insoumis de la première heure lors de son passage à Victoire 2.

Comment se passe cette nouvelle tournée ? La scène t’a-t-elle manqué ?

Ben écoute, ça se passe très bien ! Je suis agréablement surpris de la capacité cognitive du public qui, a super bien retenu les textes ! La scène m’a beaucoup manqué, je l’avoue, à tel point que je me suis rendu compte, avec du recul, que cet album était vraiment fait pour le live !

Pornographie, ton dernier album, est-il bien accueilli par la critique ?

Je t’avoue, qu’aujourd’hui, j’arrive à un âge canonique, où je me fiche de savoir si mon album plait ou pas (rires) ! Je connais trop bien les rouages de la classe moyenne journalistique, à capital culturel moyen, et je sais très bien comment elle a pu réagir ! Pour moi, tu vois, il y a d’un côté, les compositeurs et de l’autre les décompositeurs, moi, je suis un compositeur. Chacun son travail…

Cet album est-il celui de la maturité, ou au contraire, s’inscrit-il dans la continuité de ce que tu es et, de ce que tu as toujours revendiqué ?

On me pose souvent cette question. Le terme maturité, de manière générale, ne plait pas souvent aux artistes, car en principe, ils aiment plutôt garder leur âme d’enfant. Me concernant, lorsque j’appréhende un disque, je vois plutôt çà comme un renouveau. Je repars de zéro, comme si je n’avais rien fait…

Pornographie, est-il un album de simple constat, froid, que tu dresses, ou alors doit-il être perçu comme un appel à la résistance ?

Je n’aime pas trop le terme de « résistance », parce qu’il fait référence à une époque à laquelle je n’ai pas appartenu. Cet univers-là n’est pas le mien….

Pourtant, aujourd’hui, c’est un terme que l’on entend beaucoup, tant dans la bouche des médias que celle des politiques...

Pour moi, ces gens-là ne sont que des producteurs de discours, et justement, nous, artistes, sommes là pour déconstruire les discours de ce type. Nous sommes là, pour lever le voile sur la réalité.

Donc, Pornographie, est bel et bien un album de constat…

Alors oui, pour répondre à ta question, c’est un album de constat, mais qui fonctionne aussi à contrario. C’est un album, qui, je dirais, est volontairement colérique, car autour de moi je fais le constat d’une certaine résignation, d’un certain fatalisme, qu’il y a chez les gens, par rapport notamment ce qu’il se passe dans la société. De voir que personne ne bouge, m’exaspère profondément.

Dans ce nouvel opus, tu passes au crible tous les maux sociétaux. Est-ce un réel sujet d’inspiration pour toi, et était-il si important de le verbaliser dans cet album ?

Ce que j’ai voulu, par le biais de cet album, c’est mettre des mots sur la colère des gens que l’on n’entend pas. Parler des petits oiseaux, ne m’intéresse pas vraiment à vrai dire. Aujourd’hui les gens sont tellement pris par leur quotidien, qu’ils n’ont même plus conscience des véritables problèmes. Mettre de côté des sujets aussi importants, me parait complètement fou. Je pense qu’à son époque, même Rimbaud aurait écrit sur les djihadistes, c’est un exemple…

Par moment, il est toutefois compréhensible, que les gens aient envie d’écouter des textes un peu plus légers afin de s’évader de certaines lourdeurs de leur quotidien non ?

Alors, oui peut-être, si nous étions dans un système collectiviste, dans lequel l’individu n’a aucune place, alors oui, je chanterais l’amour, les oiseaux qui gazouillent etc etc…Or là ce n’est pas le cas. Si vraiment ce disque est difficile à entendre, vraiment je le regrette, mais j’étais obligé de le faire.

Tu as toujours fais le choix de chanter en Français, et par conséquent le choix de résister à la tendance actuelle des groupes de rock Français qui eux s’expriment en Anglais. Quelle est ta vision par rapport à ça ?

Je dois dire que ma vision est amère, d’autant que ce constat va bien au-delà du seul prisme musical. Ce constat est vrai, pour tout. Je dirais, qu’aujourd’hui, les deux grands totems de l’œuvre contemporaine, sont la technophilie et l’anglophilie. Sortie de là, l’homme moderne se croit épargné de tout. Je trouve cela plutôt dramatique et triste. Nous sommes tous devenus des petits singes qui, par mimétisme, faisons tout comme les Anglais ou les Américains et ça m’exaspère au plus haut point…

Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la suite ?

A moi rien, par contre on peut nous souhaiter un monde meilleur…

Propos recueillis par Audrey APW

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