INTERVIEW DANS LE "TUNNEL VÉGÉTAL", AVEC THOUSAND

INTERVIEW DANS LE "TUNNEL VÉGÉTAL", AVEC THOUSAND

Une fois que nous rentrons dans le "Tunnel Végétal" de Thousand  nous n’avons plus très envie d’en sortir. Nous, nous y sommes rentrés sans trop avoir peur du noir, au final. Rassurés, nous l’avons été ! D’abord parce que ce deuxième opus sort sur le label Bordelais Talitres, ensuite parce que son esthétisme musical distille une pop ouatée un brin décalée, enfin parce que Thousand a le sens de la métaphore, vous l’aurez compris. Nous avons donc enquêté sur ce nouveau phénomène, histoire de voir la lumière au bout du tunnel végétal. Entretien avec Stéphane Milochevitch.

Stéphane Milochevitch et la musique, c'est une histoire qui date de quand?

Je suis principalement autodidacte. J’ai commencé la musique très jeune à sept ans,d’abord par la batterie ; A l’adolescence, j’écrivais déjà quelques chansons en solo. Je me suis ensuite acheté mon premier quatre pistes, pour faire des enregistrements. Au fur et à mesure, j’ai appris à jouer les instruments dont j’avais besoin, un peu par défaut. Ensuite et concernant le projet tel qu’il est aujourd’hui, il a commencé à se concrétiser en 2009 année durant laquelle j’ai sorti un premier disque solo très acoustique. Avec le temps il s’est étoffé pour devenir ce qu’il est aujourd’hui ; Parallèlement à ce projet musical, j’ai aussi une production plastique de dessins, peintures, en fait les deux sont intimement liés presque indissociables, je fais toujours mes pochettes, mes clips….

Ce nouvel album « Tunnel Végétal » est très différent du précédent, pourquoi ce revirement ?

Sur le précédent, le processus d’élaboration a été très long en raison de nombreuses contraintes, je travaillais avec plus de personnes, qui me donnaient leurs avis…pour résumer j’étais un peu moins libre. Sur ce nouvel album, en revanche, il y a eu beaucoup moins de contraintes, je l’ai enregistré principalement chez moi, je me suis immergé dans une bulle de travail de laquelle je ne suis jamais sorti et cela,  jusqu’à ce que le disque soit finalisé. Du coup ce nouveau projet est plus recentré autour d’une seule ambiance et d’un même univers. Et puis, évidemment, les textes sont totalement écrits en français….

Du coup,  cet  album te correspond-il  plus artistiquement ?

Il me correspond plus aujourd’hui. J’ai toujours eu un sentiment de sincérité assez fort concernant les disques que je faisais « Le Tunnel Végétal » est un album beaucoup plus instinctif que le précédent lequel était, peut-être, plus réfléchi et donc, moins spontané.

Musicalement quel est l’univers de Thousand ?

Sur la forme c’est de la pop, avec  quand même des sonorités aux formats un peu hors normes, les morceaux sont longs, même si les arrangements sont pop.  Beaucoup de parallèles ont été fait avec Bashung chanteur que je n’ai pratiquement, jamais écouté, et d’ailleurs si tu écoutes Bashung moi j’y retrouve des influences de Mark Knopfler, surtout au niveau de la diction, mais cette comparaison ne me dérange pas….

Cette image du « Le Tunnel Végétal », tu nous en parles ?

C’est une image qui me plait bien, car je trouve qu’elle a un côté cocoon. C’est un lieu où l’on peut se réfugier et laisser parler les fantasmes et penser plus librement. En même temps, le tunnel renvoie à quelque chose que l’on traverse, sans frontières entre la réalité, le rêve ou le fantasme. L’origine même de l’expression, renvoie à une nouvelle qui s’appelle « De la forme du monde », c’est l’histoire d’un personnage qui traverse un tunnel végétal et lorsqu’il en ressort il vit des choses hallucinantes....

Cet album tu l’as totalement auto-produit ?

Je n’arrive pas à travailler autrement. J’ai écrit les maquettes, avec tous les instruments, seul à la maison. Ensuite nous sommes rentrés en studio et les plans basse/batterie ont été joués avec deux musiciens avec qui je travaille, tout le reste, en revanche, a été enregistré chez moi. J’ai aussi collaboré avec un saxophoniste, Quentin Rollet, avec qui j’avais envie de bosser depuis longtemps et Jonathan Morali un ami pianiste, je leurs ai laissé à tous les deux, un peu de liberté sur quelques impros !

Cet album est plutôt bien accueilli, surpris ?

Je suis très surpris étant donné son côté, allez disons-le, non formaté. Pour tout te dire je m’attendais plutôt, à un retour inexistant…Au lieu de ça les gens s’y intéressent et s’immergent beaucoup dans ce disque, ces personnes m’envoient d’ailleurs des mails. C’est assez béatifiant, de voir que l’on peut communiquer quelque chose….

Les textes sont nourris d’images, de métaphores. Comment abordes-tu l’écriture ?

Le premier morceau que j’ai écrit c’est Narval, et son inspiration m’est venue pendant que je dormais…Je l’ai écrit d'une seule traite, en une nuit au cours de réveils successifs…J’ai été plutôt surpris! Du coup je me suis mis à bosser comme ça, par illumination, ce qui donne au final un effet un peu cut-up, de superposition d’images….

Ta rencontre avec le label Talitres ?

J’ai rencontré Sean, le Directeur du label, par hasard, lors d’un concert. A l’époque j’avais un projet en cours, nous en avons discuté et nous avons tout de suite accroché. Tout s’est fait de manière très naturelle avec surtout, un côté très humain.  Sean me laisse une très grande liberté et artistiquement il ne s’immisce jamais, ce qui est rare lorsque l’on sait que les labels aujourd’hui, sont sous pression économique et ont tendance à vouloir diriger la carrière de leurs artistes. Au contraire, Sean accepte le fait que je vive la production artistique de manière désintéressée, de manière radicale…Je suis extrêmement chanceux!

 Une tournée est-elle en préparation?

Oui et on y travaille! Ce sera plutôt pour cet été et pour l'automne!

Nouvel album "Le Tunnel Végétal" / Talitres